La reproduction est un grand mystère. En tant que professionnels de la pêche, nous avons compris que chaque rivière abrite un stock défini d’anguilles adultes, et que les géniteurs produisent chaque année une quantité d’alevins qui remontent les cours d’eau proches de leur lieu de reproduction, poussés par les vents marins ou attirés par l’eau douce. Dans une rivière plus polluée, le nombre d’anguilles adultes est plus faible, ce qui se traduit par une diminution des civelles. C’est pourquoi notre analyse est justifiée et peut être contrôlée par les autorités.

L’un des grands problèmes observés en aquaculture est que les civelles ont une croissance très faible en eau saumâtre. Il est donc impératif de commencer l’élevage en eau douce, avec une conductivité nulle. Or, bloqués par des barrages infranchissables, de nombreux alevins se retrouvent en milieu salé, où leur croissance est médiocre ; ils sont alors voués à mourir ou à être dévorés par des prédateurs.

Notre principale observation est que, dans les rivières où la pêche de l’anguille adulte n’est plus pratiquée, le nombre de montaisons de jeunes anguilles augmente chaque année. Cela vient concrétiser nos analyses ainsi que les affirmations des scientifiques, qui, à ce jour, disposent de moins d’observations que nous, professionnels.